Phèdre: Rachel

Suite de mes articles consacrés à Phèdre
Petit rappel de mes premiers articles consacrés à Phèdre :
Phèdre dans les fresques antiques (Pompéi)
Phèdre dans l'art
Phèdre costume de théâtre et grandes actrices
Phèdre de Racine


 

Elisa Rachel Félix, dite RACHEL 1821 -  1858

Pour lire la biographie complète de la comédienne : Rachel
Extraits :
Née dans la pauvreté, sur les chemins que suivait son père, colporteur juif, elle a, dès son enfance, connu, avec ses frère et sœurs, l'humiliation et la mendicité. Mise par son père à l'école artistique de Choron à Paris, elle réussit à se faire remarquer successivement par deux sociétaires de la Comédie-Française, le bon Saint-Aulaire, humble pédagogue à l'école du Théâtre Molière, et surtout Samson, éminent professeur au Conservatoire d'Art dramatique, qui lui donna la véritable éducation qui lui manquait. Une énergie singulière, une élégance innée, une passion pour l'alexandrin et la tragédie, une volonté à toute épreuve, avec ces qualités-là, la petite Elisa Félix , dite Rachel, allait bientôt créer l'événement à la Comédie-Française. 
Les premiers débuts de Rachel au Théâtre-Français, en juin-juillet 1838, la confrontent immédiatement avec trois grands textes du répertoire classique et justifient le souvenir de jeune déité antique qu'elle laissa dans la mémoire de ses premiers admirateurs : Horace et Cinna , de Corneille, et Andromaque , de Racine.  
Echaudée par cette incursion malheureuse dans le répertoire de son temps, elle va mettre désormais toute son énergie à préparer ce qui doit être son triomphe, Phèdre , que, à peine cinq ans après ses débuts, elle se sent prête à interpréter, à vingt-deux ans…
Rachel  dans le rôle de Phèdre, Comédie Française, 1843
Le décor est le grand palais grec qui sert également pour Andromaque , planté un peu différemment. Théophile Gautier avoue : « pendant deux heures, elle nous a représenté Phèdre sans que l'illusion cessât une minute, malgré cette abominable colonnade dans le goût messidor qui sert, ou plutôt qui ne sert pas de décoration, malgré ces affreux fauteuils de comptoir qui ont des serviettes dans le dos, malgré la nuance intermédiaire entre l'abricot et le potiron de la tunique d'Hippolyte, malgré les rideaux de salle à manger qui formaient le vêtement d'Œnone » 
Il est temps de rappeler que c'est le comédien lui-même qui compose sa garde-robe, surtout dans les pièces du répertoire, et que nul « metteur en scène » ne veille encore à l'unité des costumes d'une représentation, sauf dans le cas d'une création contemporaine, où l'auteur a le droit d'intervenir. « La tâche d'un acteur, dit Gautier, ne se borne pas à réciter convenablement les paroles d'un rôle, il faut qu'il en réalise la physionomie, la configuration extérieure ; il faut que le public puisse s'imaginer que c'est le personnage même qui parle ; (…) Le diadème, le voile, le péplum moucheté d'étincelles d'or, la tunique, le manteau de pourpre, tout était du meilleur goût. » Pour une fois, Gautier et Janin sont d'accord. Si le premier trouve l'entrée de Rachel « sublime », l'autre la trouve « superbe ». L'iconographie ne manque pas , Phèdre étant le rôle dans lequel Rachel a été le plus souvent dessinée, peinte, sculptée et même photographiée. Elle entre à la scène 3 du premier acte, pâle, les yeux rougis, les bras inertes, sous l'accumulation des tuniques et des draperies : sur une tunique de couleur chamois brodée d'or, elle porte un léger péplum en barège blanc brodé d'or, sur les épaules un premier manteau blanc brodé, et sur l'épaule un manteau rouge brodé d'or. 

Mlle Rachel dans le rôle de Phèdre
Au front un diadème doré orné de pierres précieuses – celui que lui ont offert ses camarades de la Comédie-Française en 1839 – d'où s'échappe un long voile en crêpe lisse brodé d'or. Elle va se débarrasser du premier manteau dans les premières scènes et apparaîtra à la fin, mourante, le péplum palpitant sur la lourde tunique, et le manteau pourpre rejeté en arrière. Le public est conquis, les applaudissements tonnent, on la redemande même après le quatrième acte. Elle a l'intelligence de ne pas céder, gardant intacte l'impression qu'elle doit donner du rôle. Gautier, mauvaise langue, prétend que, dès qu'elle rentre dans la coulisse, les spectateurs cessent de s'intéresser à ce qui se passe sur scène, se mettent à tousser, à se moucher, à bavarder entre eux. « C'est faire sentir trop durement à de pauvres diables d'acteurs, qui n'en peuvent mais, que l'on ne se soucie d'eux en aucune façon.- S'ils avaient été bien habillés, on se serait amusé à regarder leurs costumes en attendant. » Et de réclamer à nouveau qu'elle s'intéresse aux auteurs vivants !
Quant à Janin, il ne se sent plus : « En vérité, c'est elle… elle porte à son front une étoile… Elle attire, elle plaît, elle charme, elle enchante, avec cet air aisé et naturel attaché à sa personne, indépendant de tout ce qui est le rôle étudié ! La voilà donc ! Sa démarche est fière et son geste est charmant ; le vêtement antique s'arrange de la façon la plus vraie et la plus fière autour de cette jeune et frêle beauté ; sa voix forte et flexible se passionne jusque dans les moindres choses… »
 
Mlle Rachel dans le rôle de Phèdre
CLESINGER Jean-Baptiste ; BARBEDIENNE Ferdinand  1850
 Elle porte un bracelet en forme de serpent au bras droit et un poignard.

Francisque Duret, Rachel dans le rôle de Phèdre (1865)
Diadème porté par Rachel dans le rôle de Phèdre (1843) lien
Frédérique O’Connel, (1823-1885) Rachel dans le rôle de Phèdre, 1850

A suivre, d'autres grandes actrices interprètes du rôle de Phèdre!


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