Rhinocéros de Eugène Ionesco

Dans la liste du challenge théâtre Rhinocéros de Eugène Ionesco, une pièce que je n'avais jamais lue, mais dont je gardais un bon souvenir d'une représentation  dans l'adaptation de Jean-Marie Sirgue.
Il en restait des petites phrases comme " Il y a des choses qui viennent à l'esprit même de ceux qui n'en ont pas."

L'occasion avec ce challenge de se plonger cette fois dans la lecture.
 Rhinocéros d'Eugène Ionesco est une pièce de théâtre en quatre tableaux pour trois actes (le deuxième est divisé en deux tableaux), en prose,  de 1959,  créée dans sa version française à Paris à l'Odéon-Théâtre de France le 22 janvier 1960 dans une mise en scène de Jean-Louis Barrault et des décors de Jacques Noël.

Comme je l'écrivais pour la cantatrice chauve, l'univers d'Ionesco ne m'avait pas laissé un souvenir formidable dans les années collèges - lycée, j'étais curieuse de voir ce qu'il en était maintenant.

En bref : une ville est victime d'une épidémie de "rhinocérite", les habitants commencent à se transformer en rhinocéros, un seul résistera à cette transformation alors qu'il était présenté au départ comme timide, sans personnalité.

Réactions face à la montée du totalitarisme, fable sur le comportement grégaire de la foule, influences et résistances; l'on peut y voir de nombreuses références et l'on retrouve aussi la problématique autour du langage et de la communication de la Cantatrice chauve.

Le début

L’EPICIERE
Ah ! celle-là ! (A son mari qui est dans la boutique.) Ah ! celle-là, elle est fière. Elle ne veut plus acheter chez nous.

L’Epicière disparaît, plateau vide quelques secondes.

Par la droite, apparaît Jean ; en même temps, par la gauche, apparaît Bérenger. Jean est très soigneusement vêtu : costume marron, cravate rouge, faux col amidonné, chapeau marron. Il est un peu rougeaud de figure. Il a des souliers jaunes, bien cirés ; Bérenger n’est pas rasé, il est tête nue, les cheveux mal peignés, les vêtements chiffonnés ; tout exprime chez lui la négligence, il a l’air fatigué, somnolent ; de temps à autre, il bâille.

JEAN, venant de la droite. Vous voilà tout de même, Bérenger.

BERENGER, venant de la gauche.
Bonjour, Jean.

JEAN
Toujours en retard, évidemment ! (Il regarde sa montre-bracelet.) Nous avions rendez-vous à onze heures trente. Il est bientôt midi.

BERENGER Excusez-moi. Vous m’attendez depuis longtemps ?

JEAN Non. J’arrive, vous voyez bien.

Ils vont s’asseoir à une des tables de la terrasse du café.

BERENGER
Alors, je me sens moins coupable, puisque… vous-même…

JEAN
Moi, c’est pas pareil, je n’aime pas attendre, je n’ai pas de temps à perdre. Comme vous ne venez jamais à l’heure, je viens exprès en retard, au moment où je suppose avoir la chance de vous trouver.

BERENGER C’est juste… c’est juste, pourtant…

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