Seule Venise Claudie Gallay

Présentation de l'éditeur

A quarante ans, quittée par son compagnon, elle vide son compte en banque et part à Venise, pour ne pas sombrer. C'est l'hiver, les touristes ont déserté la ville et seuls les locataires de la pension où elle loge l'arrachent à sa solitude. Il y a là un aristocrate russe en fauteuil roulant, une jeune danseuse et son amant. Il y a aussi, dans la ville, un libraire amoureux des mots et de sa cité qui, peu à peu, fera renaître en elle l'attente du désir et de l'autre.
Dans une langue ajustée aux émotions et à la détresse de son personnage, Claudie Gallay dépeint la transformation intérieure d'une femme à la recherche d'un nouveau souffle de vie. Et médite, dans le décor d'une Venise troublante et révélatrice, sur l'enjeu de la création et sur la force du sentiment amoureux
Du même auteur:
L'Office des vivants, Éditions du Rouergue, 2001
Mon amour, ma vie, Éditions du Rouergue, 2002.
Seule Venise, Éditions du Rouergue, 2004
Les Années cerises, Éditions du Rouergue, 2004.
Dans l'or du temps, Éditions du Rouergue, 2006
Les Déferlantes, Éditions du Rouergue, 2008
L’amour est une île, Éditions Actes Sud, 2010


Le début: 
ça commence comme ça vous et moi, ce jour-là, en décembre 2002, bien avant de vous connaître.
Je viens d'avoir quarante ans.
Pourquoi faut-il que les dates aient tellement d'importance ?
C'est l'hiver. Il fait froid. J'aurais dû choisir une autre destination. Ou alors une autre saison. Qu'importe.


Mon petit mot

  Claudie Gallay fait partie des auteurs que je retrouve toujours avec plaisir, Seule Venise était dans ma PAL depuis plusieurs semaines, je me le gardai en réserve et le rendez-vous, c'était ce week-end, entre pluies verglaçantes et neige, quoi de mieux que de se blottir dans le canapé, une tasse de thé à la main, un fond de musique... et Venise...
J'ai retrouvé avec plaisir les lieux qui m'avaient marqué lors de mon séjour dans cette ville magique, de l'arrivée à la gare, directement du train à la lagune, les palais, les églises, l'acqua-alta, et cette indéfinissable charme de la ville, même en hiver et dans la brume.
Les rencontres, les destins, les relations aux autres...  un petit groupe de personnages bien croqués.
Même plaisir quand à l'écriture de l'auteure, cette musique des mots si agréable, à petites touches comme picturales, bien en phase avec le récit, après Les déferlantes (avec lequel on retrouve quelques similitudes, l'importance des conversations avec l'homme âgé qui trouve un refuge à la fin, le couvent..., comme si Seule Venise avait été une sorte de préparation pour arriver à la densité des Déférlantes) et L'amour est une île, une troisième belle découverte. Peu de choses sont dites finalement, on finira par mieux connaître le passé du Prince russe que celui de la narratrice, dont on ne sait pas le prénom, on va à l'essentiel, peut importe l'avant, ce qui compte c'est le maintenant et l'avenir. Et ce sont ces non-dits, ces ellipses, qui font la force du texte.
Ici, l’atmosphère est grise, brumeuse, comme Venise en hiver, comme l'était le ciel ici au moment où je lisais ces pages, et l'on retrouve comme toujours chez cette auteure des références littéraires (forcément, avec un personnage libraire...) et artistique (picturale et musicale) qui donnent envie de prolonger autrement la lecture : Un barrage contre le pacifique de Duras, Mort à Venise de Thomas Mann (lu et beaucoup apprécié également), La barbarie ordinaire: Music à Dachau de Jean Clair.

Un peintre dont on parle beaucoup dans ce livre :

Zoran Music Né en 1909 à Gorizia, en Dalmatie le peintre Zoran Music fut arrêté en 1944 par la Gestapo et déporté à Dachau. Cette période de captivité et de souffrance détermina tout son oeuvre à venir. Lors de sa captivité, Zoran Music fut saisi par une incroyable frénésie de dessiner la vie au camp. Au sortir de cette douloureuse expérience, il fit des séjours réguliers à Venise et en Suisse puis s'installa à Paris en 1952. Il réalisa entre autres de nombreuses vues de Venise dans une palette Terre de Sienne aux tons doux et brumeux. En 1995, il a fait partie de la sélection pour le centenaire de la Biennale de Venise, où il s'éteint le 25 mai 2005. Il était âgé de 96 ans. 

"Je dessine comme en transe m'accorchant morbidement à mes bouts de papier. J'étais comme aveuglé par la grandeur hallucinante de ces champs de cadavres. De loin, ils m'apparaissaient comme des plaques de neige blanche, des reflets d'argent sur les montagnes, ou encore pareils à tout vol de mouettes blanches posées sur la lagune, face au fond noir de la tempête au large".

Un livre qui entre dans le challenge Italie bien sûr:

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