Le Tabac Tresniek Robert Seethaler


Roman traduit de l'allemand (Autriche) par Élisabeth Landes
Sabine Wespieser éditeur
Titre original : Der Trafikant
octobre 2014

Présentation de l'éditeur :
Le Tabac Tresniek  de Robert Seethaler

En août 1937, le jeune Franz Huchel quitte ses montagnes de Haute-Autriche pour venir travailler à Vienne avec Otto Tresniek, buraliste unijambiste, bienveillant et caustique, qui ne plaisante pas avec l’éthique de la profession. Au Tabac Tresniek, se mêlent classes populaires et bourgeoisie juive de la Vienne des années trente.
Si les rumeurs de la montée du national-socialisme et la lecture assidue de la presse font rapidement l’éducation politique du montagnard mal dégrossi, sa connaissance des femmes, elle, demeure très lacunaire. Ne sachant à quel saint se vouer avec Anezka, la jeune artiste de cabaret dont il est éperdument amoureux, il va chercher conseil auprès du « docteur des fous », Sigmund Freud en personne, client du tabac et grand fumeur de havanes, qui habite à deux pas. Bien qu’âgé et tourmenté par son cancer de la mâchoire, le professeur va finir par céder à l’intérêt tenace que lui témoigne ce garçon du peuple, vif et curieux.
Mais les temps ne sont guère propices aux purs et, dès mars 1938, l’Anschluss va mettre un terme brutal à l’apprentissage de Franz et à sa prestigieuse amitié. Otto Tresniek, peu disposé à boycotter sa clientèle juive, s’attire les foudres de la Gestapo, tandis que Freud se résigne à émigrer en Angleterre.
Par la grâce d’une langue jubilatoire, d’une intrigue où la tension ne se relâche pas, et de personnages forts et attachants, voici un roman qui se lit d’un trait. L’humour viennois d’Otto Tresniek et de Freud est la politesse du désespoir dans une société déboussolée où ils ne trouvent plus leur place. Pas plus que leur protégé, plein de vie et de poésie, qui tentera pourtant, fidèle à leur enseignement, de nager à contre-courant.

Mon petit mot

Vienne. 1937. 1938.
On glisse dans les années noires.
Un roman double : d'un côté, l'évolution, l’éclosion d'un "p'tit gars"  de la campagne découvrant la ville, l'amour, la complexité des relations humaines... et la guerre. Des rêves à la plus terrible des réalités.

De l'autre, l'évolution d'une ville dans ces années troubles, l'antisémitisme, les croix gammées, les arrestations, les assassinats.
Comment ce jeune homme, un peu naïf, pas très cultivé au départ,  appréhende-t-il tout cela, qu'en comprend-il, qu'en comprend sa mère? Le point de vue choisi est intéressant et apporte un autre éclairage sur cette page de l'histoire.
Bouleversements politiques, bouleversement intimes avec "l'éclosion" de ce jeune homme et en parallèle la descente aux enfers d'une ville.
Mais si le thème est particulièrement grave, l'écriture ne l'est pas, pas de pathos ici! 

Et au milieu, le personnage de Freud, vieillissant, malade, et cette sorte d'amitié naissante entre les deux hommes, qui semblaient si peu faits pour se rencontrer, et les clients du tabac, comme autant de visions différentes de cette période. Et ces rêves affichés dans la vitrine, comme autant de possibilités ouvertes à la réflexion du passant... de quoi susciter aussi celle du lecteur...

Et puis il y a la ville de Vienne, sa grande roue, son café et tant d'autres lieux qui nous transportent ailleurs... et ont réactivé mon envie de découvrir un jour cette ville!




Un livre lu grâce à l'opération La voie des indés merci à libfly et à l'éditeur!
dans le cadre du challenge

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